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Le Ballet des Fées des forêts de Saint-Germain

Un ballet de cour sous Louis XIII

  www.citedelamusiquelive.fr/concert/0997908/ballet-des-fees-des-forets-de-saint-germain.html

   Ce ballet de cour fut dansé au Louvre, le 11 février 1625, par le roi Louis XIII en personne, à l'occasion du carnaval.

   C'est dans la première moitié du XVIIe siècle que le ballet de cour trouve son apogée en France. Prétendant à l'art total, ce spectacle réunissait les quatre formes artistiques majeures : la poésie, la musique, les arts plastiques et la danse. Il était conçu comme une succession d'"entrées" indépendantes, ou tableaux présentant des personnages dansants, des saltimbanques, des chanteurs, avec des effets de machinerie et de scénographie fascinants pour le public de l'époque, au son des multiples instruments présents sur la scène. La danse devenait une "comédie muette" où l'interprète mimait personnages et sentiments. L'aspect politique des premiers ballets a fait place peu à peu à un genre burlesque, fantasque et féerique, souvent à portée satirique.

   Ainsi, au-delà du souci de représenter la majesté en personne, puisque le roi Louis XIII dansait avec quinze seigneurs de son entourage proche, le Ballet des Fées des forêts de Saint-Germain cristallise un arsenal symbolique dans le contexte politique du moment, celui de la guerre de Trente ans ; c'est une critique ouverte de l'arrogance espagnole et des prétentions des Habsbourg, qui convoitaient le même passage alpin stratégique que les Français. En somme, c'est la sublimation d'un banal conflit d'intérêts par la musique et la danse !

   Les six récits vocaux (cinq pour voix seule accompagnée de luth, le sixième polyphonique) sont d'Antoine Boesset, Surintendant de la Musique de la Chambre du roi ; il y en a un pour chacune des cinq fées qui annonce l'argument de chacun des cinq "ballets" : la Musique (solidaire du "Récit de la Fée de la Musique" qui s'adresse "Aux Dames"), le Jeu (suivi du "Récit de la Fée des Joueurs"), la Folie ("Récit de la Fée des Estropiez de cervelle"), la Guerre ("Récit de la Fée des Vaillans Combattans"), la Danse ("Récit de la Fée de la Dance") ; à ces cinq récits-arguments s'ajoute un sixième, "pour les Musiciens de Campagne", dans le "Troisiesme Ballet : La Folie".
   Les entrées instrumentales sont attribuées à Jacques de Montmorency de Belleville, violoniste et maître à danser devenu "conducteur des ballets du roi" depuis 1615.
   Il y a aussi des musiques de François de Chancy, Maître des Enfants de la Musique de la Chambre à partir de 1630, de Louis Constantin, "conducteur" des Vingt-quatre Violons du roi, de Jean Henry "le jeune", de Michael Praetorius et de Robert II Ballard.
   Pour la scénographie, on sait qu'ont participé Daniel Rabel, décorateur, graveur et illustrateur, qui a conçu de somptueux costumes, et Horace Morel, artificier du roi, en charge des feux et éclairages, effets pyrotechniques, mais aussi machines et dispositifs scéniques.

   On est très bien documenté sur ce ballet. Outre les publications de Boesset (chez Pierre Ballard dans ses collections d'airs de cour) et les témoignages sur les éléments visuels (une série de dessins, le livre des dépenses, des mémoires d'écrivains contemporains), la musique instrumentale a été copiée pour Louis XIV par André Danican Philidor, garde de la bibliothèque de la Musique du roi, afin de garder traces des "anciens ballets" dansés au temps de Louis XIII et d'Henri IV. Par contre, la restitution de la musique de danse a été plus problématique.

   Rediffusé sur le site de la Cité de la Musique jusqu'au 15 mai, dépêchez-vous !

Ecrit par Florence le Mardi 12 Février 2013, 02:05 dans "Actualités" Version imprimable

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