Le clavicorde
Premier contact d'une élève claveciniste avec l'ancêtre du piano
Lorsque j'ai regardé pour la première fois quelqu'un jouer sur un clavicorde (en mars 2009, à l'occasion des Journées de l'association Clavecin en France), j'ai été intriguée par ce petit balancement du doigt, appelé "vibrato", que je croyais réservé aux seuls instruments à cordes (violon, violoncelle, guitare, etc.).
Ancêtre du piano, il s'agit bien aussi d'un instrument à cordes (avec clavier), non pas pincées comme son contemporain le clavecin, mais frappées par une petite barrette en laiton, appelée "tangente", selon un mécanisme plus élémentaire que celui du piano-forte (le prédécesseur du piano moderne) ; il n'y a pas d'étouffoir mobile comme sur un piano, la corde vibre en partie, l'autre étant étouffée par un feutre fixe, ce qui permet ce "vibrato" grâce à une certaine continuité entre le doigt de l'interprète et la tangente.
C'est d'ailleurs la notation du "vibrato" (un arc surmonté de quatre points) qui permet de reconnaître une partition destinée au clavicorde (ainsi que l'étrangeté de certains doigtés).
Carl Philipp Emanuel Bach (le second fils de Jean-Sébastien) a beaucoup composé pour cet instrument, qui lui semblait refléter les moindres mouvements de l'âme.
Lorsque j'ai touché pour la première fois un petit clavicorde (toujours à la même occasion), et que j'ai essayé d'y jouer la Chaconne de Fischer, les sons ne voulaient pas toujours bien sortir.
Il existe en effet deux types de clavicordes ; ceux dont les cordes sont liées par deux (ou même par trois), et les "non-liés", qui ont fait leur apparition au XVIIIe siècle seulement. Un clavicorde "lié" possède plus de notes que de cordes, c'est-à-dire qu'en appuyant sur des touches voisines, une même corde peut être frappée à différents endroits (le diapason calcule l'écartement des tangentes), créant des notes de hauteur différente. Par conséquent, lorsqu'on joue deux notes conjointes, par exemple le sol et le sol dièse, qui sont sur une même corde, il faut penser à lâcher la touche voisine pour que l'autre note sonne pure.
Or, au clavecin, j'étais habituée à tenir certaines notes dans les pièces à plusieurs voix, d'où mes difficultés à jouer la Chaconne sur un clavicorde "lié".
Ces clavicordes "liés" ont l'avantage d'être moins encombrants que ceux dits "libres" (avec une corde par note) : ce sont des instruments d'étude, à faible volume sonore, et facilement transportables. Renée Geoffrion, luthier près de Limoges, a d'ailleurs mis au point un clavicorde de voyage "tessiture Bach", lié par deux, avec un système électro-acoustique pour amplifier le son (http://www.unacorda.fr/instruments.html).
J'ai constaté aussi que la position des mains (en forme de voûte plutôt qu'en "pattes de chat") était essentielle pour la qualité du son.
Il m'a donc semblé que le clavicorde, même s'il donne naissance à une lignée musicale différente du clavecin, était un instrument d'étude sans concession pour l'ergonomie du "parfait petit claveciniste"... sans compter qu'on peut y jouer une bonne partie du répertoire baroque pour clavier, ainsi que des morceaux datant du début du piano.
Une belle réconciliation en perspective, non ?
Telles furent mes premières réflexions devant cet instrument ancien, né au XVIe siècle de la curieuse idée de greffer un clavier d'orgue positif à un monocorde (c'est d'ailleurs Pythagore qui aurait inventé le monocorde pour étudier les rapports entre les sons et les nombres) : le clavicorde garde ainsi la pure simplicité de cette double origine, religieuse et philosophique.
Sur cette vidéo, Étienne Baillot interprète la Suite française n°5 de Bach, puis le luthier, Émile Jobin, se joint à lui pour expliquer le mécanisme de fonctionnement du clavicorde.
Ancêtre du piano, il s'agit bien aussi d'un instrument à cordes (avec clavier), non pas pincées comme son contemporain le clavecin, mais frappées par une petite barrette en laiton, appelée "tangente", selon un mécanisme plus élémentaire que celui du piano-forte (le prédécesseur du piano moderne) ; il n'y a pas d'étouffoir mobile comme sur un piano, la corde vibre en partie, l'autre étant étouffée par un feutre fixe, ce qui permet ce "vibrato" grâce à une certaine continuité entre le doigt de l'interprète et la tangente.
C'est d'ailleurs la notation du "vibrato" (un arc surmonté de quatre points) qui permet de reconnaître une partition destinée au clavicorde (ainsi que l'étrangeté de certains doigtés).
Carl Philipp Emanuel Bach (le second fils de Jean-Sébastien) a beaucoup composé pour cet instrument, qui lui semblait refléter les moindres mouvements de l'âme.
Lorsque j'ai touché pour la première fois un petit clavicorde (toujours à la même occasion), et que j'ai essayé d'y jouer la Chaconne de Fischer, les sons ne voulaient pas toujours bien sortir.
Il existe en effet deux types de clavicordes ; ceux dont les cordes sont liées par deux (ou même par trois), et les "non-liés", qui ont fait leur apparition au XVIIIe siècle seulement. Un clavicorde "lié" possède plus de notes que de cordes, c'est-à-dire qu'en appuyant sur des touches voisines, une même corde peut être frappée à différents endroits (le diapason calcule l'écartement des tangentes), créant des notes de hauteur différente. Par conséquent, lorsqu'on joue deux notes conjointes, par exemple le sol et le sol dièse, qui sont sur une même corde, il faut penser à lâcher la touche voisine pour que l'autre note sonne pure.
Or, au clavecin, j'étais habituée à tenir certaines notes dans les pièces à plusieurs voix, d'où mes difficultés à jouer la Chaconne sur un clavicorde "lié".
Ces clavicordes "liés" ont l'avantage d'être moins encombrants que ceux dits "libres" (avec une corde par note) : ce sont des instruments d'étude, à faible volume sonore, et facilement transportables. Renée Geoffrion, luthier près de Limoges, a d'ailleurs mis au point un clavicorde de voyage "tessiture Bach", lié par deux, avec un système électro-acoustique pour amplifier le son (http://www.unacorda.fr/instruments.html).
J'ai constaté aussi que la position des mains (en forme de voûte plutôt qu'en "pattes de chat") était essentielle pour la qualité du son.
Il m'a donc semblé que le clavicorde, même s'il donne naissance à une lignée musicale différente du clavecin, était un instrument d'étude sans concession pour l'ergonomie du "parfait petit claveciniste"... sans compter qu'on peut y jouer une bonne partie du répertoire baroque pour clavier, ainsi que des morceaux datant du début du piano.
Une belle réconciliation en perspective, non ?
Telles furent mes premières réflexions devant cet instrument ancien, né au XVIe siècle de la curieuse idée de greffer un clavier d'orgue positif à un monocorde (c'est d'ailleurs Pythagore qui aurait inventé le monocorde pour étudier les rapports entre les sons et les nombres) : le clavicorde garde ainsi la pure simplicité de cette double origine, religieuse et philosophique.
Sur cette vidéo, Étienne Baillot interprète la Suite française n°5 de Bach, puis le luthier, Émile Jobin, se joint à lui pour expliquer le mécanisme de fonctionnement du clavicorde.
Ecrit par Florence le Vendredi 20 Novembre 2009, 22:23 dans "Instruments"
Article précédent - Répondre à cet article - Article suivant
Commentaires
Lien croisé
Anonyme - le 19-04-10 à 00:32 - #
Ailes: Le clavicorde sur le web : "Une élève corse enthousiaste et pédagogue là."
Répondre à ce commentaire