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Domenico Scarlatti (Naples 1685 - Madrid 1757)

   Né le 26 octobre 1685 à Naples, la même année que Bach et Händel, il passe sa jeunesse sous la coupe de son père, Alessandro Scarlatti, célèbre musicien et principal promoteur de l'opéra napolitain.
   Il étudie vraisemblablement avec son père avant d'être l'élève de Gaetano Greco.

   Malgré sa rigoureuse formation musicale, il ne réussit pas à faire carrière dans les grands centres italiens de la musique : Naples, Venise, Rome...
   À Naples, en 1701, il est nommé à 16 ans compositeur et organiste à la chapelle royale, et crée à 18 ans son premier opéra, L'Ottavia ristituita al trono (1703), pour le théâtre San Bartolomeo.
   À Venise, il va se perfectionner auprès de Gasparini.
   À Rome, il gagne une joute musicale au clavecin, contre Haëndel (qui remporte le prix à l'orgue), avec lequel il restera ami. En 1709, il entre au service de la reine de Pologne, Marie-Casimire, qui vit à Rome, et compose plusieurs opéras pour la scène privée (entre autres, Tolomeo en 1711). De 1715 à 1719, il est maître de chapelle à la basilique Saint-Pierre ; il y compose vraisemblablement son Miserere et son Stabat Mater à dix voix. Son inspiration lyrique prend fin en 1718 avec son dernier opéra, Berenice.

   Après un voyage en Angleterre, il se fixe à Lisbonne, de 1720 à 1725, où il devient le maître de clavecin de la princesse portugaise Maria-Barbara de Bragance. Après une parenthèse de quatre ans à Naples, il revient auprès de la princesse, en 1729, lorsqu'elle épouse l'héritier de la couronne d'Espagne, le futur Ferdinand VI. Fidèle à la raison d'état, il suit son élève jusqu'à Séville, où il étudie le flamenco (on reconnaît d'ailleurs l'influence espagnole dans certaines de ses 555 sonates au clavecin), puis à Madrid et Arenjuez. Il s'installe définitivement à Madrid en 1733, et passe le reste de sa vie en Espagne.
   Vers 1740-1742 il épouse Anastasia Maxarti Ximenes, qui lui donnera quatre enfants.
   En 1746, quand le prince Ferdinand accède au trône, sa carrière se poursuit sous la protection de la reine : il est alors nommé maître de musique des rois catholiques, et compte de nombreux élèves, dont Antonio Soler.

   C'est à Madrid qu'il compose son œuvre monumentale pour le clavecin, les célèbres sonates. Le terme de "sonate" ne doit pas s'entendre ici dans son acception classique ; chez Scarlatti, c'est une pièce de coupe binaire avec reprises (comme les danses de la forme "suite"). Scarlatti y propose un condensé de la science du contrepoint de l’époque, tout en privilégiant la mélodie, qu’il intègre au rythme et à l’harmonie, avec une innovante virtuosité ; il multiplie les dissonances, les modulations abruptes, les contrastes rythmiques et mélodiques.
   Scarlatti les présente comme des "essercizi", destinés à parfaire la technique du claveciniste : « Ne t’attends pas, que tu sois dilettante ou professeur, à trouver dans ces compositions une intention profonde, mais plutôt un ingénieux badinage de l’art pour t’exercer au jeu hardi sur le clavecin. »

   Seule une petite partie de son œuvre a été éditée de son vivant. Il semble que Scarlatti ait supervisé la publication de ses 30 Essercizi per gravicembalo (à l'initiative de Thomas Roseingrave), à Londres, en 1738, qui sont découverts avec enthousiasme dans toute l'Europe.
   Les très beaux manuscrits qui nous sont parvenus ne sont pas datés, et aucun n'est autographe ; ils sont peut-être de la main de Farinelli, le célèbre castrat, qui emporta en Italie deux recueils des sonates lorsqu'il quitta la cour des Bourbons d'Espagne.

  
La somme des 555 sonates (dont l'enregistrement intégral par Scott Ross a nécessité 35 CD !) représente une œuvre bien plus importante que celle pour clavecin de Bach et Couperin réunis. De plus, la forme unique de ces "sonates", identifiables par leur seul numéro (K. pour Kirkpatrick, claveciniste et musicologue américain, qui les recensa pour en publier l'intégrale en 1953), constitue un tout difficile à cerner, contrairement à Couperin qui réunit ses pièces, nommées individuellement, dans des "ordres", et à Bach qui regroupe ses compositions en cycles bien distincts (Inventions et sinfonies, Suites françaises, Le Clavier bien tempéré, etc.).
   Le style de Scarlatti n'a d'ailleurs rien à voir avec celui de ces deux autres "géants" du clavecin.

Sonate K 64 interprétée par Scott Ross
 

Ecrit par Florence le Jeudi 24 Mars 2011, 16:20 dans "Biographies , formes" Version imprimable

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