Vendredi (14/03/14)
Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
un musicien intemporel
Enfance à Eisenach puis Ohrdruf, et adolescence à Lüneburg (1685-1703) : sa formation musicale en famille et son apprentissage à Lüneburg.
Issu d'une importante dynastie de musiciens de Thuringe depuis le XVIème siècle, dont la moitié de ses membres étaient organistes dans les environs d'Eisenach, Jean-Sébastien Bach est initié très tôt au violon (grâce à son père, violoniste) et à l'orgue (grâce à un cousin de son père, qui est l'organiste de l'église Saint-Georges).
Orphelin de mère, puis de père avant l'âge de dix ans, il est recueilli par son frère aîné, Johann-Christoph, organiste à Ohrdruf et disciple de Pachelbel. Grâce à lui, il se forme aux instruments à clavier en étudiant les partitions des maîtres de l'Allemagne du Sud pour orgue et pour clavecin (Froberger, Pachelbel).
Avec sa belle voix enfantine de soprano, il contribue aux dépenses de ce frère nourricier en gagnant des cachets de choriste, et entreprend ses études au lycée d'Ohrdruf, où il fait la connaissance de Georg Erdmann, son ami pour la vie (il poursuivra une relation épistolaire avec lui jusqu'à sa mort).
À 15 ans, en avril 1700, il part à Lüneburg, près de Hambourg, avec cet ami de classe car il est admis dans l'ensemble choral le plus renommé, le Mettechor (le chœur de matines), et peut suivre ainsi gratuitement la scolarité du lycée Saint-Michael, où il apprend le français, entre autres ; la bibliothèque contenait plus de mille œuvres musicales, dont de la musique italienne, où il recopie méthodiquement celles auxquelles il a accès (sinon il dérobait des partitions interdites pour les recopier au clair de lune !) : Monteverdi, Pachelbel, Froberger, etc.
Durant les vacances, Il se rend fréquemment à Hambourg, à pieds (50 km !) pour écouter les grands maîtres sur les meilleurs orgues (comme Reincken sur les 68 jeux de l'orgue de Sainte-Catherine). Capitale de l'orgue, Hambourg était aussi l'une des capitales de l'opéra ; Bach peut y écouter de la "musique italienne".
Il se rend aussi à Celle (92 km !), où il a ses entrées aux séances musicales de la petite cour des ducs de Braunschweig-Lüneburg, entièrement francisée ; il a la révélation de Lully, de Lalande, des œuvres pour clavecin de Couperin et, selon sa méthode, en fait aussitôt de studieuses copies — Peut-être aurait-il même entamé une correspondance en français avec François le Grand…
Arnstadt-Mülhausen (1703-1708) : l'organiste virtuose.
À 17 ans, ayant brillamment terminé ses études secondaires, mais trop pauvre pour entrer à l'université, il s'emploie comme "laquais et violoniste" à la cour de Weimar. Puis, en août 1703, il devient organiste d'Arnstadt, le fief de la famille Bach, où il dirige aussi une petite chorale de garçons.
Il entreprend un voyage à Lübeck (plus de 400 km à pied !) pour aller écouter le grand organiste Buxtehude dans les Concerts du soir — au lieu de 4 semaines, il y resta 4 mois ! Et il en rapporte un style d'improvisation plus libre, qui déroute les paroissiens d'Arnstadt.
Irrité qu'on lui demande de ne plus moduler qu'à des tons voisins, il trouve un autre poste, en juin 1707, à Mülhausen, où il épouse une de ses cousines éloignées, Maria Barbara Bach, qui lui donnera sept enfants (dont trois mourront au berceau).
En 1708, il publie la première édition de sa cantate Gott ist mein König BWV 71. En conflit théologique avec le pasteur, qui est un piétiste, rejetant le dogmatisme luthérien si cher au musicien, il postule à la cour de Weimar.
À la cour du prince Guillaume II à Weimar (1708-1717) : la découverte des maîtres italiens.
Sa candidature est tout de suite retenue ; en juin 1708, il entre à la chapelle de la cour du prince régnant de Saxe-Weimar (luthérien comme lui), comme organiste et premier violon ; six ans plus tard, en mars 1714, il sera aussi nommé Maître des concerts à la cour.
C'est à Weimar qu'il compose la majeure partie de ses grandes compositions d'orgue, dont la fameuse Toccata et Fugue en ré mineur BWV 565 (1708), et une vingtaine de cantates religieuses, ainsi que des pièces pour clavecin inspirées des grands maîtres italiens et français.
Il se lie d'amitié avec un important théoricien et historien de la musique, l'organiste J.G. Walther.
C'est aussi là qu'il découvre la musique de Vivaldi (imprimée à Amsterdam) grâce au jeune duc de Weimar, qui rapporte d'Utrecht (où il étudie à l'université), en 1713, des partitions, dont il fait des transcriptions.
En 1717, invité à Dresde pour concourir au clavecin et à l'orgue avec le célèbre Français Louis Marchand, il est jugé le meilleur ! Le prince Leopold d'Anhalt-Köthen veut l'engager, mais le puissant prince de Weimar refuse, et fait même jeter Bach en prison le 6 novembre 1717 en raison "de son attitude entêtée" ; il est libéré trois semaines plus tard, et renvoyé de la cour le 2 décembre.
À la cour du prince Leopold à Köthen (1717-1723) : la musique instrumentale.
Il fait une entorse à ses principes luthériens en devenant Maître de chapelle à la cour de Köthen, de pratique calviniste : les offices religieux ne comportent aucune partie musicale, hormis le simple chant des psaumes.
Pour son nouveau protecteur, Bach n'a donc plus à se préoccuper de compositions religieuses ; il écrira les pages maîtresses de son œuvre instrumentale : les Concertos Brandebourgeois (1721), le Clavier bien tempéré I (1722) avec ses 24 préludes et fugues de toutes les tonalités (le livre II sera composé entre 1738 et 1743), les Suites anglaises et les Suites françaises (pour ses élèves de clavecin), les Inventions à deux et trois voix du Klavierbüchlein (ce "Petit Livre pour clavier" fut écrit à l'intention de son fils aîné Wilhelm-Friedmann, très doué pour la musique), des sonates, des partitas, des ouvertures. Il innove en matière de doigté, introduit l'usage du pouce, la position recourbée des doigts que l'on tenait allongés jusque-là.
Ces années heureuses et honorées sont pourtant endeuillées par la mort de sa femme, en juillet 1720. Dix-huit mois plus tard, il se remarie avec une jeune fille de 20 ans, Anna Magdalena Wilcken, une cantatrice dont le père est trompette à la cour.
Mais, quand Léopold épouse une jeune princesse qui déteste la musique, l'atmosphère à la cour de Köthen va changer… Sans compter que Bach voudrait pouvoir écrire les grandes œuvres religieuses qui ont mûri en lui, et les faire jouer sur-le-champ ; il a besoin d'une chorale, d'une église. Or il apprend qu'à Leipzig, le poste de "cantor" à l'église Saint-Thomas vient d'être libéré par le célèbre Kuhnau, tout juste décédé.
Splendeurs et misères à Leipzig (1723-1750) : le génie de la maturité.
Le Conseil de Leipzig espérait pouvoir confier cette charge à Telemann, puis à Graupner, mais doit se contenter d'"un médiocre" à défaut du "meilleur" (ce sont les termes mêmes employés par le conseiller Platz après la défection des favoris !), donc c'est Bach qui est finalement engagé comme Cantor à l'église Saint-Thomas (le 5 mai 1723)… mais aussi comme directeur de la musique de la ville et de sa prestigieuse université.
ll y compose 266 cantates religieuses (à raison de deux par semaine !), des Passions, dont la Passion selon saint Jean (jouée à l'église saint Nicolas de Leipzig le 7 avril 1724) et la célébrissime Passion selon saint Mathieu (jouée à saint Thomas le 11 avril 1727, puis redonnée dans sa version remaniée le 30 mars 1736), qui ressemble trop à de l'opéra selon les dévots, la Messe en si mineur (qu'il commence en 1724 et remanie jusqu'à la fin de sa vie), mais aussi des cantates profanes pour l'université ou la municipalité.
Puis le rythme de ses compositions diminue car il est contraint à d'assommantes corvées. Il connaît des brouilles avec la municipalité ; il entre en conflit avec l'organiste de l'église de l'université ; il est critiqué dans son choix des thèmes et des chorals pour les cantates.
Heureux en ménage, sa femme, qui lui a donné treize enfants (dont six seulement ont survécu !), est une précieuse collaboratrice : de sa main, nous sont parvenues d'innombrables et impeccables copies des partitions de Jean-Sébastien
Il donne chez lui un concert hebdomadaire, où il a l'occasion de jouer avec de bons musiciens (dont ses fils), et de composer la célèbre Cantate du café pour des étudiants qui aiment sa musique, organisant des concerts dans la brasserie Zimmermann.
Dans les années 1730, il s'occupe de faire imprimer sa musique.
À la suite de ses démêlées avec le conseil municipal de Leipzig, il est relevé de ses fonction pour être finalement nommé Maître de chapelle à titre honorifique (sans aucun salaire !) en 1736. Commence alors une virulente polémique sur la musique de Bach : elle est jugée surchargée, compliquée, difficile à jouer, donc peu naturelle.
En 1738, son fils Carl Philipp Emanuel est nommé claveciniste du prince héritier à Berlin. En 1741, le "vieux Bach" lui rend visite à Postdam, où Fréderic II le met à l'épreuve en lui demandant d'improviser sur un "thème royal", d'abord à trois puis à six voix, genèse de l'Offrande musicale (1747).
C'est à Leipzig qu'il compose pour le clavecin les Variations Goldberg (1742), les Variations canoniques, le Clavier bien tempéré II, l'Art de la fugue (en 1750, qu'il n'aura pas le temps d'achever).
Atteint de cataracte (il a commencé à perdre la vue à partir de 1743), il subit deux opérations au printemps de 1750, avant de mourir quelques mois plus tard d'une attaque d'apoplexie (des suites de son opération râtée ?).
Anna Magdalena lui survit dix ans, vivant de subsides et de mendicité à l'entrée de la cathédrale Saint Thomas...
Son approche de la musique, essentiellement polyphonique — sa maîtrise de la fugue n'a jamais été égalée ! — met un point final à l'expression baroque au travers d'une œuvre qui a touché à tous les genres… sauf à l'opéra.
Héritage musical
Avec Johann Sebastian Bach, la musique baroque atteint à la fois son apogée et son aboutissement. Dès sa disparition, le musicien, considéré comme un virtuose du clavier de son vivant, est quasiment oublié car passé de mode, tout comme le contrepoint, qu'il a porté à sa perfection, est dépassé par les nouvelles idées du Romantisme.
Ce n'est qu'en 1782 que Mozart (à 26 ans) découvre une partie de l'œuvre de Bach à l'occasion des rencontres musicales organisées par le baron van Swieten ; son écriture en fut changée (dans sa Symphonie n°41, surnommée "Jupiter" ou "symphonie avec la fugue finale", le quatrième mouvement est une combinaison des formes sonate et fugue à cinq voix écrite en contrepoint renversable).
Par contre, Beethoven connaissait bien l'œuvre pour clavecin de Bach puisqu'étant jeune, il en jouait une grande partie par cœur. Il a pris exemple sur les Variations Goldberg pour composer ses trente-trois Variations Diabelli pour piano. Il s'inspirera de l'art du contrepoint pour composer sa Missa Solemnis.
Ce n'est qu'en 1829 que Mendelssohn, l'un des successurs de Bach à Saint Thomas de Leipzig, fit rejouer la Passion selon Saint Matthieu ; il remis Bach au goût du jour dans ses compositions, suivi par les Romantiques allemands, comme Brahms.
Schoenberg voit même en Bach un précurseur de ses théories, et a écrit des pages passionnantes sur lui dans ses essais.
Le XXème siècle en fait une référence incontournable. À partir des années 1950, le "renouveau baroque" aboutira à l'enregistrement de l'intégrale des cantates par G. Leonhardt et N. Harnoncourt.
Ecrit par Florence à 02:25 dans Biographies , formes
Lundi (24/02/14)
Benedetto Marcello (Venise 1686 - Brescia 1739)
Un "amateur" de musique à Venise
Benedetto Marcello est un compositeur italien de la période baroque, de la première moitié du XVIIIème siècle.
Issu d'une noble famille vénitienne et destiné par son père à la carrière de juriste, il a pourtant reçu des leçons de musique de maîtres aussi réputés que Lotti et Gasparini.
À la différence de ses contemporains, comme Vivaldi ou Albinoni, des professionnels de la musique qui avaient besoin d'enseigner ou d'occuper un poste fixe pour assurer leur subsistance, Marcello était un avocat estimé à Venise et, de surcroît, un membre respectable du Conseil des Quarante de la République Sérénissime. Il se qualifiait lui-même d'"amateur", ce qui ne l'a pas empêché d'entrer à la fameuse Académie de Bologne.
Il a activement participé à la vie littéraire et musicale de Venise, au point d'être surnommé le "Prince de la musique" après la publication de son œuvre la plus admirée, Estro poetico armonico (1724-1726), où il a mis en musique, pour une à quatre voix et basse continue, cinquantes paraphrases en italien des Psaumes de David.
Il a composé beaucoup de cantates et même un opéra, La Fede riconosciuta, représenté à Vicenza en 1702, alors qu'il n'éprouvait aucune attirance pour ce genre de drame en musique ; il ira même jusqu'à se moquer de l'opéra napolitain, en 1720, dans Le Théâtre à la mode, un livre satirique dont la cible principale était Antonio Vivaldi sous le pseudonyme d'Aldiviva.
Ses sonates, ses concertos, ainsi que ceux de son frère Alessandro, sont pourtant proches de l'art de Vivaldi – le "prêtre roux" qui a lancé le concerto pour soliste et orchestre en trois parties, deux allegros encadrant un mouvement lent.
Il a écrit des sonates pour clavecin (1710), comme la n° 8 en si bémol majeur – dont je travaille actuellement le Presto… avec moins de brio que sur cette vidéo ! –, et des sonates pour flûte (1712).
Marcello fut l'un des premiers compositeurs à écrire pour le violoncelle ; il a laissé une série de sonates de grande qualité pour cet instrument.
De nos jours, le conservatoire de musique de Venise lui fait l'hommage de porter son nom.
Issu d'une noble famille vénitienne et destiné par son père à la carrière de juriste, il a pourtant reçu des leçons de musique de maîtres aussi réputés que Lotti et Gasparini.
À la différence de ses contemporains, comme Vivaldi ou Albinoni, des professionnels de la musique qui avaient besoin d'enseigner ou d'occuper un poste fixe pour assurer leur subsistance, Marcello était un avocat estimé à Venise et, de surcroît, un membre respectable du Conseil des Quarante de la République Sérénissime. Il se qualifiait lui-même d'"amateur", ce qui ne l'a pas empêché d'entrer à la fameuse Académie de Bologne.
Il a activement participé à la vie littéraire et musicale de Venise, au point d'être surnommé le "Prince de la musique" après la publication de son œuvre la plus admirée, Estro poetico armonico (1724-1726), où il a mis en musique, pour une à quatre voix et basse continue, cinquantes paraphrases en italien des Psaumes de David.
Il a composé beaucoup de cantates et même un opéra, La Fede riconosciuta, représenté à Vicenza en 1702, alors qu'il n'éprouvait aucune attirance pour ce genre de drame en musique ; il ira même jusqu'à se moquer de l'opéra napolitain, en 1720, dans Le Théâtre à la mode, un livre satirique dont la cible principale était Antonio Vivaldi sous le pseudonyme d'Aldiviva.
Ses sonates, ses concertos, ainsi que ceux de son frère Alessandro, sont pourtant proches de l'art de Vivaldi – le "prêtre roux" qui a lancé le concerto pour soliste et orchestre en trois parties, deux allegros encadrant un mouvement lent.
Il a écrit des sonates pour clavecin (1710), comme la n° 8 en si bémol majeur – dont je travaille actuellement le Presto… avec moins de brio que sur cette vidéo ! –, et des sonates pour flûte (1712).
Marcello fut l'un des premiers compositeurs à écrire pour le violoncelle ; il a laissé une série de sonates de grande qualité pour cet instrument.
De nos jours, le conservatoire de musique de Venise lui fait l'hommage de porter son nom.
Ecrit par Florence à 01:18 dans Biographies , formes
Dimanche (17/11/13)
"Le Premier Livre de Clavecin" (1713)
de François Couperin (1668-1733)
C'est avant tout son œuvre pour le clavecin qui l'a rendu célèbre, et le fait considérer, avec Rameau, comme le grand maître de cet instrument en France.
Son traité "L'Art de toucher le clavecin" (1716) est une source précieuse concernant son enseignement et l'interprétation de la musique au XVIIIème siècle.
Le maître et ses élèves : au-delà de l'art du portrait.
Lorsque François Couperin obtient, en 1693 (il a 25 ans), la charge d'organiste de la Chapelle royale, succédant à son ancien maître Thomelin, il va remplir aussi le rôle de maître de musique à la cour de Versailles. Il aura pour élèves Monseigneur le Dauphin, ainsi que plusieurs princes et princesses de la Maison Royale, comme la princesse de Conti (fille de Mme de La Vallière), le comte de Toulouse (fils de Mme de Montespan*), Marie Leczinska (la future reine de France), pour ne citer que le dessus du panier.
Tous ces hauts personnages, à la fois élèves et protecteurs, deviennent une source d'inspiration pour le compositeur. Ils sont, écrira-t-il, les "aimables originaux" dont il brosse des "espèces de portraits" dans ses pièces de clavecin ; ainsi, le "Premier Livre"* s'ouvre sur L'Auguste, une Allemande en l'honneur de Louis XIV, et présente aussi les "portraits" des deux filles du duc de Bourbon : La Bourbonnoise et La Charoloise.
S'il a pu honorer certains Grands d'un portrait musical, Couperin ne fait pas toujours référence à un individu réel ; il peut décrire un trait de caractère, s'inspirer de personnages peints ou de portraits littéraires (ces ouvrages en vers ou en proses sont au goût du jour). Ainsi le titre L'Enchanteresse (vidéo 0:29:47) peut faire allusion au tableau de Watteau "L'Enchanteur", mais aussi évoquer une figure de l'entourage du compositeur… ou tout simplement signaler le caractère de la pièce, comment la jouer, de façon "enchanteresse", afin de créer un effet "enchanteur" sur l'auditoire ; car ses titres servent autant à décrire une personne qu'à caractériser sa musique afin de guider l'interprète.
Au-delà du portrait d'un personnage ou d'un type, qui peut se cacher, par exemple, derrière la façon de se coiffer avec une espèce de laque appellée La Bandoline, ces "pièces de caractère" déplient un éventail de sons et sensations, qui vont de l'envolée légère des Papillons jusqu'à la sonnerie insistante du Réveil-matin… Elles peuvent aussi évoquer des lieux que le musicien a aimés : par exemple, Les Plaisirs de St Germain en Laÿe, où il a vécu six ans à partir de 1710, proche de la cour des Stuarts (ces monarques anglais en exil, férus de musique italienne, chez qui il a découvert les sonates de Corelli). Plus généralement, une simple idée peut lui inspirer sa musique ; parmi Les Idées Heureuses, le seul fait de composer sur son instrument de prédilection n'est-elle pas l'idée même du bonheur pour tout musicien ?
Le Couperin des Lumières : des pièces de caractère, en ordres et avec agrémens.
La mort de Louis XIV en 1715 marque la fin du XVIIème siècle, en même temps qu'elle clôt une période dans la carrière du compositeur. Surnommé Couperin "le Grand", ce compositeur du Grand Siècle qui se consacrait plus aux œuvres religieuses qu'aux œuvres profanes, cède la place au Couperin des Lumières, qui se concentre dès lors sur la musique instrumentale.
Bien que publié deux ans avant le décès du roi Soleil, en 1713 (il a 45 ans), le "Premier Livre" inaugure une nouvelle manière pour le clavecin. Aux traditionnelles "Suites" de danses, le compositeur préfère les "Ordres" parce qu'il veut créer un langage artistique national. En effet, au début du XVIIIème siècle, la suite de danses, genre français à l'origine, a été adoptée par toute l'Europe, perdant ainsi son identité nationale. Avec son "Premier Livre", Couperin cherche à inventer une suite plus française, qui ajoute aux danses des "pièces de caractère" portant un titre précis et évocateur.
François Couperin doit sa renommée à ses œuvres pour clavecin, classées en 27 ordres, subdivisés en 4 livres, portant chacune un titre évocateur, sauf dans son "Premier Livre" où il conserve les traditionnelles suites de danses, qu'il désigne sous le nom d'"ordre". Le "Premier Livre" compte cinq ordres. Si les pièces sont groupées, comme dans la suite classique, par tonalités, et si une place est toujours réservée aux danses traditionnelles, le nombre des pièces peut varier largement (18 dans le 1er ordre en sol, 4 dans le 4ème ordre en fa) et Couperin y introduit des "pièces de caractère", derrière lesquelles se cachent parfois des rythmes de danses, à moins qu'il n'en fasse l'aveu ouvertement : La Lugubre, Sarabande.
Le raffinement des titres et la justesse des indications d'interprétation révèlent un sens du verbe fort peu commun chez un musicien. Couperin utilise comme force rhétorique les agréments pour souligner l'importance de certains passages de sa mélodie. À l'instar de ses prédécesseurs, il établit une table des "agrémens", qui explique à l'interprète comment ils doivent être joués. Le "Premier Livre" se termine d'ailleurs par une Explication des agrémens, et des Signes et contient même une pièce intitulée Les Agrémens, qui les expose tous (surtout les petites notes des ports de voix) : c'est dire l'importance qu'il leur accorde dans l'expression de sa musique !
Dans ce "Premier Livre", riche d'influences et d'innovations, le musicien réunit deux goûts, celui du XVIIème siècle pour les danses et celui du XVIIIème pour les portraits.
Conclusion
Étalée sur presque 40 ans de vie à la cour, son œuvre pour clavecin représente l'équivalent des Mémoires de Saint-Simon ou des Caractères de La Bruyère : une mise en scène subjective, partiale, de Versailles et de ses acteurs. Et, sous les titres, parfois surprenant, de ses pièces de "caractère", se cache encore la voix du maître, un homme plein d'idées à exprimer, qui continue à nous donner des conseils d'interprétation par-delà les siècles !
* Sa collection de partitions, supervisée par André Danican Philidor l'Aîné, regroupe une centaine de volumes, surtout des manuscrits, et constitue aujourd'hui l'unique source pour douze des motets de François Couperin, son cher maître auquel il restera fidèle, lui versant une pension jusqu'à sa mort.
* Dans les Livres suivants, citons La Ménetou (pour Françoise Charlotte de Seneterre), La Princesse Marie (pour Marie Leczinska), Les Graces Incomparables ou La Conti (pour la première Mademoiselle de Blois).
Son traité "L'Art de toucher le clavecin" (1716) est une source précieuse concernant son enseignement et l'interprétation de la musique au XVIIIème siècle.
Le maître et ses élèves : au-delà de l'art du portrait.
Lorsque François Couperin obtient, en 1693 (il a 25 ans), la charge d'organiste de la Chapelle royale, succédant à son ancien maître Thomelin, il va remplir aussi le rôle de maître de musique à la cour de Versailles. Il aura pour élèves Monseigneur le Dauphin, ainsi que plusieurs princes et princesses de la Maison Royale, comme la princesse de Conti (fille de Mme de La Vallière), le comte de Toulouse (fils de Mme de Montespan*), Marie Leczinska (la future reine de France), pour ne citer que le dessus du panier.
Tous ces hauts personnages, à la fois élèves et protecteurs, deviennent une source d'inspiration pour le compositeur. Ils sont, écrira-t-il, les "aimables originaux" dont il brosse des "espèces de portraits" dans ses pièces de clavecin ; ainsi, le "Premier Livre"* s'ouvre sur L'Auguste, une Allemande en l'honneur de Louis XIV, et présente aussi les "portraits" des deux filles du duc de Bourbon : La Bourbonnoise et La Charoloise.
S'il a pu honorer certains Grands d'un portrait musical, Couperin ne fait pas toujours référence à un individu réel ; il peut décrire un trait de caractère, s'inspirer de personnages peints ou de portraits littéraires (ces ouvrages en vers ou en proses sont au goût du jour). Ainsi le titre L'Enchanteresse (vidéo 0:29:47) peut faire allusion au tableau de Watteau "L'Enchanteur", mais aussi évoquer une figure de l'entourage du compositeur… ou tout simplement signaler le caractère de la pièce, comment la jouer, de façon "enchanteresse", afin de créer un effet "enchanteur" sur l'auditoire ; car ses titres servent autant à décrire une personne qu'à caractériser sa musique afin de guider l'interprète.
Au-delà du portrait d'un personnage ou d'un type, qui peut se cacher, par exemple, derrière la façon de se coiffer avec une espèce de laque appellée La Bandoline, ces "pièces de caractère" déplient un éventail de sons et sensations, qui vont de l'envolée légère des Papillons jusqu'à la sonnerie insistante du Réveil-matin… Elles peuvent aussi évoquer des lieux que le musicien a aimés : par exemple, Les Plaisirs de St Germain en Laÿe, où il a vécu six ans à partir de 1710, proche de la cour des Stuarts (ces monarques anglais en exil, férus de musique italienne, chez qui il a découvert les sonates de Corelli). Plus généralement, une simple idée peut lui inspirer sa musique ; parmi Les Idées Heureuses, le seul fait de composer sur son instrument de prédilection n'est-elle pas l'idée même du bonheur pour tout musicien ?
Le Couperin des Lumières : des pièces de caractère, en ordres et avec agrémens.
La mort de Louis XIV en 1715 marque la fin du XVIIème siècle, en même temps qu'elle clôt une période dans la carrière du compositeur. Surnommé Couperin "le Grand", ce compositeur du Grand Siècle qui se consacrait plus aux œuvres religieuses qu'aux œuvres profanes, cède la place au Couperin des Lumières, qui se concentre dès lors sur la musique instrumentale.
Bien que publié deux ans avant le décès du roi Soleil, en 1713 (il a 45 ans), le "Premier Livre" inaugure une nouvelle manière pour le clavecin. Aux traditionnelles "Suites" de danses, le compositeur préfère les "Ordres" parce qu'il veut créer un langage artistique national. En effet, au début du XVIIIème siècle, la suite de danses, genre français à l'origine, a été adoptée par toute l'Europe, perdant ainsi son identité nationale. Avec son "Premier Livre", Couperin cherche à inventer une suite plus française, qui ajoute aux danses des "pièces de caractère" portant un titre précis et évocateur.
François Couperin doit sa renommée à ses œuvres pour clavecin, classées en 27 ordres, subdivisés en 4 livres, portant chacune un titre évocateur, sauf dans son "Premier Livre" où il conserve les traditionnelles suites de danses, qu'il désigne sous le nom d'"ordre". Le "Premier Livre" compte cinq ordres. Si les pièces sont groupées, comme dans la suite classique, par tonalités, et si une place est toujours réservée aux danses traditionnelles, le nombre des pièces peut varier largement (18 dans le 1er ordre en sol, 4 dans le 4ème ordre en fa) et Couperin y introduit des "pièces de caractère", derrière lesquelles se cachent parfois des rythmes de danses, à moins qu'il n'en fasse l'aveu ouvertement : La Lugubre, Sarabande.
Le raffinement des titres et la justesse des indications d'interprétation révèlent un sens du verbe fort peu commun chez un musicien. Couperin utilise comme force rhétorique les agréments pour souligner l'importance de certains passages de sa mélodie. À l'instar de ses prédécesseurs, il établit une table des "agrémens", qui explique à l'interprète comment ils doivent être joués. Le "Premier Livre" se termine d'ailleurs par une Explication des agrémens, et des Signes et contient même une pièce intitulée Les Agrémens, qui les expose tous (surtout les petites notes des ports de voix) : c'est dire l'importance qu'il leur accorde dans l'expression de sa musique !
Dans ce "Premier Livre", riche d'influences et d'innovations, le musicien réunit deux goûts, celui du XVIIème siècle pour les danses et celui du XVIIIème pour les portraits.
Conclusion
Étalée sur presque 40 ans de vie à la cour, son œuvre pour clavecin représente l'équivalent des Mémoires de Saint-Simon ou des Caractères de La Bruyère : une mise en scène subjective, partiale, de Versailles et de ses acteurs. Et, sous les titres, parfois surprenant, de ses pièces de "caractère", se cache encore la voix du maître, un homme plein d'idées à exprimer, qui continue à nous donner des conseils d'interprétation par-delà les siècles !
* Sa collection de partitions, supervisée par André Danican Philidor l'Aîné, regroupe une centaine de volumes, surtout des manuscrits, et constitue aujourd'hui l'unique source pour douze des motets de François Couperin, son cher maître auquel il restera fidèle, lui versant une pension jusqu'à sa mort.
* Dans les Livres suivants, citons La Ménetou (pour Françoise Charlotte de Seneterre), La Princesse Marie (pour Marie Leczinska), Les Graces Incomparables ou La Conti (pour la première Mademoiselle de Blois).
• 1er ordre (en sol) : Allemande l'Auguste ; Première Courante ; Seconde Courante ; Sarabande la Majestueuse ; Gavote ; La Milordine, Gigue ; Menuet (et Double) ; Les Silvains ; Les Abeilles ; La Nanète ; Les Sentimens, Sarabande ; La Pastorèle ; Les Nonètes (Les Blondes, Les Brunes) ; La Bourbonnoise, Gavote ; La Manon ; L'Enchanteresse ; La Fleurie, ou la tendre Nanette ; Les Plaisirs de Saint Germain en Laÿe .
• 2e ordre (en ré) : Allemande la Laborieuse ; Premiere Courante ; Seconde Courante ; Sarabande la Prude ; L'Antonine ; Gavote ; Menuet ; Canaries (avec Double) ; Passepied ; Rigaudon ; La Charoloise ; La Diane ; Fanfare pour la Suite de la Diane ; La Terpsicore ; La Florentine ; La Garnier ; La Babet ; Les Idées Heureuses ; La Mimi ; La Diligente ; La Flateuse ; La Voluptueuse ; Les Papillons .
• 3e ordre (en ut) : La Ténébreuse, Allemande ; Premiere courante ; Seconde courante ; La Lugubre, Sarabande ; Gavotte ; Menuet ; Les Pélerines ; Les Laurentines ; L'Espagnolète ; Les Regrets ; Les Matelotes Provençales ; La Favorite, Chaconne ; La Lutine .
• 4e ordre (en fa) : La Marche des Gris-vêtus ; Les Baccanales ; La Pateline ; Le Réveil-matin .
• 5e ordre (en la) : La Logiviére, Allemande ; Premier Courante ; Seconde Courante ; La Dangereuse, Sarabande ; Gigue ; La Tendre Fanchon ; La Badine ; La Bandoline ; La Flore ; L'Angélique ; La Villers ; Les Vendangeuses ; Les Agrémens ; Les Ondes .
Ecrit par Florence à 00:49 dans Biographies , formes
Jeudi (20/12/12)
John STANLEY
Biographie
John Stanley est né le 17 Janvier 1712 en Angleterre .Il est devenu aveugle très jeune, mais cela ne l’a pas empêché d’étudier et de devenir un grand compositeur de la période classique.
Il a d’abord étudié avec Maurice Greene, un grand maître de cette époque, et a beaucoup joué dans des concerts d’orgue à Londres. C’était un ami d’Haendel, et ensemble ils composaient des oratorios. A la mort de ce dernier, John Stanley se rapprocha de Smith et Linley pour continuer la composition des oratorios.
Les œuvres de Stanley comportent un opéra : Teraminta, une cantate dramatique : Le choix d’Hercule, et douze autres cantates, puis les oratotios : Jephta, l’automne d’Egypte et Zimri. Il a composé également de la musique instrumentale, notamment trois volumes de Voluntaries pour orgue ou clavecin en 1748, 1752 et 1754.
Il est mort le 19 Mai 1786, à l’âge de 74 ans.
BONNE FETE A TOUS!!!
Il a d’abord étudié avec Maurice Greene, un grand maître de cette époque, et a beaucoup joué dans des concerts d’orgue à Londres. C’était un ami d’Haendel, et ensemble ils composaient des oratorios. A la mort de ce dernier, John Stanley se rapprocha de Smith et Linley pour continuer la composition des oratorios.
Les œuvres de Stanley comportent un opéra : Teraminta, une cantate dramatique : Le choix d’Hercule, et douze autres cantates, puis les oratotios : Jephta, l’automne d’Egypte et Zimri. Il a composé également de la musique instrumentale, notamment trois volumes de Voluntaries pour orgue ou clavecin en 1748, 1752 et 1754.
Il est mort le 19 Mai 1786, à l’âge de 74 ans.
BONNE FETE A TOUS!!!
Ecrit par Adel à 19:00 dans Biographies , formes
Insecatrium
Jean Françaix
En réponse au commentaire de florence qui nous a présenté "l'insectarium" de Jean-Françaix, joué sur l'instrument pour lequel il a été composé: le clavecin dit "moderne" (voir dans les commentaires). On remarque que les changements de jeux sont très fréquents, ce qui est possible sur ces clavecins et l'est beaucoup moins sur les copies d'ancien que l'on joue aujourd'hui.
La question se pose donc de savoir si on peut jouer ces oeuvres sur nos clavecins ou si il faut remettre en "service" les clavecins Pleyel et Neupert pour cela?
Voici la "coccinelle" sur instrument ancien:à vous de comparer les deux et de nous dire votre préférence!
La question se pose donc de savoir si on peut jouer ces oeuvres sur nos clavecins ou si il faut remettre en "service" les clavecins Pleyel et Neupert pour cela?
Voici la "coccinelle" sur instrument ancien:à vous de comparer les deux et de nous dire votre préférence!
Ecrit par Catherine à 15:08 dans Biographies , formes
Mercredi (19/12/12)
Giovanni Gabrielli (Venise 1553-1612)
Un "passeur" de la Renaissance au Baroque
Giovanni Gabrielli, né en 1553 et mort en 1612 à Venise, est un compositeur italien de la Renaissance qui, par son audace inventive, fait figure de "passeur" vers le style baroque.
Il a reçu sa formation musicale de trois célèbres musiciens de la seconde moitié du XVIème siècle ; tout d'abord, et principalement, son oncle Andrea Gabrielli (1510-1586), organiste à la basilique Saint-Marc, puis Roland de Lassus (1532-1594), qu'il rencontre lors d'un séjour à Munich entre 1575 et 1579, et enfin Claudio Merulo (1533-1604), premier organiste à San Marco, dont il est l'assistant jusqu'en 1584.
Après le départ de Merulo pour Mantoue, il partage la charge de son oncle en prenant le second orgue tandis qu'Andrea devient premier organiste de San Marco ; mais il finit par assumer seul cette tâche, à la mort de son oncle survenue deux ans plus tard. Il est également organiste à la Scuola San Rocco.
Sa grande originalité en musique est d'avoir utilisé la particularité de la disposition de la basilique, avec ses deux loges pour les chœurs se faisant face, afin de créer des effets "stéréophoniques" ; plusieurs de ses pièces sont d'ailleurs écrites pour faire d'abord entendre un chœur sur la gauche auquel répond le chœur situé à droite. Ses œuvres à double chœur sont donc un reflet de l'architecture de San Marco.
Toute sa vie durant, ce sera un ardent défenseur de son oncle, qu'il admirait si profondément qu'il préférait publier les œuvres de celui-ci avant les siennes.
Il a composé de la musique vocale religieuse, principalement des motets (faisant souvent appel à un nombre considérable de voix), des Sacrae Symphoniae, un Kyrie-Gloria et Sanctus, 2 Magnificats, des Litanies de la Vierge ; de la musique profane, surtout des madrigaux ; de la musique instrumentale pour orgue, dont 22 Intonationi d'Organo (courts préludes dans un style improvisé), des Ricercari, des Canzoni, des sonates…
Sa musique, très appréciée au nord des Alpes, notamment en Allemagne où le style polyphonique est resté plus longtemps en usage qu'en Italie, lui valut d'attirer des élèves scandinaves et allemands, dont l'un des plus talentueux, Schütz, viendra se former auprès de lui à Venise entre 1609 et 1613.
Sa technique de composition à plusieurs, appelée les cori spezzatti, sera également reprise par (son élève) Michael Praetorius dans son traité Syntagma Musicum (1619).
À côté de ces chœurs dialoguants, l'art de Giovanni Gabrielli se caractérise aussi par l'union entre les voix et les instruments ; son madrigal le plus célèbre (Lieto godea) porte d'ailleurs la mention "per cantar et sonar".
Et même s'il laissait le choix des instruments aux interprètes en indiquant "con ogni sorte di stromenti" sur la page de titre de ses publications, il semble bien être l'un des précurseurs de l'orchestration en introduisant à travers un contrepoint savant et rigoureux un style parfois concertant où les timbres prennent toute leur valeur.
Il fait la transition entre la musique de la Renaissance et la musique baroque en utilisant notamment la basse continue dès ses débuts, mais aussi en indiquant le fait de jouer plus ou moins fort, donc les premières nuances.
Il fut aussi l'un des premiers à utiliser des parties instrumentales à l'intérieur d'œuvres chorales.
Certains le considèrent à juste titre comme le "père spirituel" de J.S. Bach tant son influence en Allemagne fut prépondérante.
Et son portrait par Annibale Carrache se trouve à Dresde…
Voici deux madrigaux interprétés à Vienne par l'ensemble "Basiliensis" : "Alma cortes'e bella", "Vagh'amorosi e fortunati allori".
Il a reçu sa formation musicale de trois célèbres musiciens de la seconde moitié du XVIème siècle ; tout d'abord, et principalement, son oncle Andrea Gabrielli (1510-1586), organiste à la basilique Saint-Marc, puis Roland de Lassus (1532-1594), qu'il rencontre lors d'un séjour à Munich entre 1575 et 1579, et enfin Claudio Merulo (1533-1604), premier organiste à San Marco, dont il est l'assistant jusqu'en 1584.
Après le départ de Merulo pour Mantoue, il partage la charge de son oncle en prenant le second orgue tandis qu'Andrea devient premier organiste de San Marco ; mais il finit par assumer seul cette tâche, à la mort de son oncle survenue deux ans plus tard. Il est également organiste à la Scuola San Rocco.
Sa grande originalité en musique est d'avoir utilisé la particularité de la disposition de la basilique, avec ses deux loges pour les chœurs se faisant face, afin de créer des effets "stéréophoniques" ; plusieurs de ses pièces sont d'ailleurs écrites pour faire d'abord entendre un chœur sur la gauche auquel répond le chœur situé à droite. Ses œuvres à double chœur sont donc un reflet de l'architecture de San Marco.
Toute sa vie durant, ce sera un ardent défenseur de son oncle, qu'il admirait si profondément qu'il préférait publier les œuvres de celui-ci avant les siennes.
Il a composé de la musique vocale religieuse, principalement des motets (faisant souvent appel à un nombre considérable de voix), des Sacrae Symphoniae, un Kyrie-Gloria et Sanctus, 2 Magnificats, des Litanies de la Vierge ; de la musique profane, surtout des madrigaux ; de la musique instrumentale pour orgue, dont 22 Intonationi d'Organo (courts préludes dans un style improvisé), des Ricercari, des Canzoni, des sonates…
Sa musique, très appréciée au nord des Alpes, notamment en Allemagne où le style polyphonique est resté plus longtemps en usage qu'en Italie, lui valut d'attirer des élèves scandinaves et allemands, dont l'un des plus talentueux, Schütz, viendra se former auprès de lui à Venise entre 1609 et 1613.
Sa technique de composition à plusieurs, appelée les cori spezzatti, sera également reprise par (son élève) Michael Praetorius dans son traité Syntagma Musicum (1619).
À côté de ces chœurs dialoguants, l'art de Giovanni Gabrielli se caractérise aussi par l'union entre les voix et les instruments ; son madrigal le plus célèbre (Lieto godea) porte d'ailleurs la mention "per cantar et sonar".
Et même s'il laissait le choix des instruments aux interprètes en indiquant "con ogni sorte di stromenti" sur la page de titre de ses publications, il semble bien être l'un des précurseurs de l'orchestration en introduisant à travers un contrepoint savant et rigoureux un style parfois concertant où les timbres prennent toute leur valeur.
Il fait la transition entre la musique de la Renaissance et la musique baroque en utilisant notamment la basse continue dès ses débuts, mais aussi en indiquant le fait de jouer plus ou moins fort, donc les premières nuances.
Il fut aussi l'un des premiers à utiliser des parties instrumentales à l'intérieur d'œuvres chorales.
Certains le considèrent à juste titre comme le "père spirituel" de J.S. Bach tant son influence en Allemagne fut prépondérante.
Et son portrait par Annibale Carrache se trouve à Dresde…
Voici deux madrigaux interprétés à Vienne par l'ensemble "Basiliensis" : "Alma cortes'e bella", "Vagh'amorosi e fortunati allori".
Ecrit par Florence à 17:02 dans Biographies , formes
Vendredi (07/12/12)
Jean FRANÇAIX
Biographie de Jean FRANÇAIX
Mots-clés : Jean Françaix
Jean Françaix :
Il est né le 23 mai 1912 au Mans (dans la Sarthe).
Son père était venu s'installer dans cette ville pour prendre la direction du Conservatoire et y avait rencontré Jeanne-Pauline Provost, professeur de chant, devenue sa femme.
A l'âge de huit ans, il écrit : "Mon papa s'appelle Alfred, il a quarante ans. Ma maman s'appelle Jeanne, elle a trente-cinq ans. Mon papa est professeur de piano, ma maman est aussi un professeur de chant, je me nomme Jean Fraçaix. Le matin j'étudie le paino,deux heures et demie. L'après-midi, je fais mes devoirs avec ma mère-grand. Non, je n'ai ni frère, ni soeur mais j'ai une cousine qui s'appelle Jacqueline avec laquelle je me marierai quand je serai grand, mais il faudra que je gagne ma vie alors je me mettrai compositeur."
A l'âge de dix ans, il compose sa première oeuvre, dédiée à sa cousine .
Puis, à dix-huit ans, il remporte son premier prix de piano, premier nommé au Conservatoire National Superieur de Paris. Deux ans plus tard, il représente, avec Claude Delvincourt, la jeune école française, au Festival international de Vienne, où l'on joue ses "Huit Bagatelles", qui remportent un triomphe.
Le succès de son "Concertino pour piano et orchestre", sera suivi par beaucoup d'autres et ses compositions seront dirigées par les plus grands chefs : Herbert Von Karajan, Pierre Dervaux, George Prêtre...
Son oeuvre majeure, "L'Apocalypse selon Saint Jean", pour choeur, soli et orchestre, créée à Paris par Charles Munch, en 1942, fut reprise à Berlin, à Londre, et puis enfin en Italie, en 1961, dans la cathédrale de Montreale.
Après quarante années d'interruption, cet oratorio fut à nouveau représenté en 1997 à Göttingen et à Linz avec l'orchestre symphonique de Göttingen, conduit par Christian Simonis.
Suivirent quatre nouvelles représentations de l'oeuvre en deux ans, dont une dans la cathédrale du Mans, inspiratrice de l'oeuvre, soixante ans après sa composition.
Il a écrit les musiques de 16 ballets, montés par des chorégraphes de grande réputation, tels que Leonide Massine, Serge Lifar, Rolland Petit et George Balanchine.
Il a composé cinq Opéras et Opéras Comiques, dont "La Main de Gloire" , et "La Princesse de Clèves" , qui ont été représentés en1950 et en 1951 à Bordeaux, pour le premier, et en 1965 à Rouen, pour le second, sans avoir été repris depuis en France malgré un grand succés et une critique particulièrement élogieuse.
D'autres oeuvres vocales restent à redécouvrir, dont le "Diable Boiteux" , qui fut entièrement bissé lors de sa représentation au Carnegie Hall de New-York en 1950, "Trois Poèmes de Paul Valery"et "L'Ode à la Gastronomie" , toutes deux écrites pour choeur a cappella.
Jean Françaix meurt à Paris le 25 septembre 1997, à l'âge de 85 ans .
___
15 portraits d'Auguste Renoir, composés par Jean Françaix :
www.youtube.com/watch
Jean Françaix :
Il est né le 23 mai 1912 au Mans (dans la Sarthe).
Son père était venu s'installer dans cette ville pour prendre la direction du Conservatoire et y avait rencontré Jeanne-Pauline Provost, professeur de chant, devenue sa femme.
A l'âge de huit ans, il écrit : "Mon papa s'appelle Alfred, il a quarante ans. Ma maman s'appelle Jeanne, elle a trente-cinq ans. Mon papa est professeur de piano, ma maman est aussi un professeur de chant, je me nomme Jean Fraçaix. Le matin j'étudie le paino,deux heures et demie. L'après-midi, je fais mes devoirs avec ma mère-grand. Non, je n'ai ni frère, ni soeur mais j'ai une cousine qui s'appelle Jacqueline avec laquelle je me marierai quand je serai grand, mais il faudra que je gagne ma vie alors je me mettrai compositeur."
A l'âge de dix ans, il compose sa première oeuvre, dédiée à sa cousine .
Puis, à dix-huit ans, il remporte son premier prix de piano, premier nommé au Conservatoire National Superieur de Paris. Deux ans plus tard, il représente, avec Claude Delvincourt, la jeune école française, au Festival international de Vienne, où l'on joue ses "Huit Bagatelles", qui remportent un triomphe.
Le succès de son "Concertino pour piano et orchestre", sera suivi par beaucoup d'autres et ses compositions seront dirigées par les plus grands chefs : Herbert Von Karajan, Pierre Dervaux, George Prêtre...
Son oeuvre majeure, "L'Apocalypse selon Saint Jean", pour choeur, soli et orchestre, créée à Paris par Charles Munch, en 1942, fut reprise à Berlin, à Londre, et puis enfin en Italie, en 1961, dans la cathédrale de Montreale.
Après quarante années d'interruption, cet oratorio fut à nouveau représenté en 1997 à Göttingen et à Linz avec l'orchestre symphonique de Göttingen, conduit par Christian Simonis.
Suivirent quatre nouvelles représentations de l'oeuvre en deux ans, dont une dans la cathédrale du Mans, inspiratrice de l'oeuvre, soixante ans après sa composition.
Il a écrit les musiques de 16 ballets, montés par des chorégraphes de grande réputation, tels que Leonide Massine, Serge Lifar, Rolland Petit et George Balanchine.
Il a composé cinq Opéras et Opéras Comiques, dont "La Main de Gloire" , et "La Princesse de Clèves" , qui ont été représentés en1950 et en 1951 à Bordeaux, pour le premier, et en 1965 à Rouen, pour le second, sans avoir été repris depuis en France malgré un grand succés et une critique particulièrement élogieuse.
D'autres oeuvres vocales restent à redécouvrir, dont le "Diable Boiteux" , qui fut entièrement bissé lors de sa représentation au Carnegie Hall de New-York en 1950, "Trois Poèmes de Paul Valery"et "L'Ode à la Gastronomie" , toutes deux écrites pour choeur a cappella.
Jean Françaix meurt à Paris le 25 septembre 1997, à l'âge de 85 ans .
___
15 portraits d'Auguste Renoir, composés par Jean Françaix :
www.youtube.com/watch
Ecrit par chloe à 19:23 dans Biographies , formes
Jeudi (18/10/12)
Carlos de Seixas (1704-1742)
Carlos Seixas est né le 11 juin 1704 à Coïmbra (Portugal). Avec son père, Carlos commença très tôt sa formation musicale. À seulement 14 ans, il eut alors la lourde tâche de remplacer son défunt père comme organiste à la cathédrale de Coïmbra pendant 2 ans.
En 1720, il s'installa à Lisbonne, attiré par cette ville et aspirant à une carrière encore plus brillante. De fait, il obtint à 16 ans le poste convoité d'organiste de la Chapelle Royale et de la cathédrale de Lisbonne, qu'il garda jusqu'à la fin de sa vie.
En 1721, Domenico Scarlatti prenait ses fonctions de premier maître de la Chapelle Royale, et était le professeur de l'infante Maria-Barbara de Bragance. Dans cette chapelle, ils travaillèrent étroitement ensemble pendant huit ans (jusqu'au départ de Scarlatti pour Séville, en 1729). Ce denier lui donna de nombreux conseils à propos de la technique du clavecin, qui lui permirent notamment de devenir très rapidement un grand virtuose. En effet, il fut sollicité comme professeur de musique par les familles nobles de la cour.
Il se maria en 1732 et eut trois filles et deux fils. Grâce aux revenus de son travail, il put subvenir aisément aux besoins de ses enfants et acquérir des maisons à proximité de la cathédrale.
En 1738, il fut anobli par Jean V du Portugal et reçut donc le titre de chevalier.
Il mourut d’une fièvre rhumatismale à l’âge de 38 ans, le 25 août 1742.
La majorité des œuvres de Carlos Seixas sont des sonates pour clavecin. Il a été influencé par Scarlatti car ses sonates ont la même forme que celles de Scarlatti ; elles sont composées d'un ou plusieurs mouvements en coupe binaire.
D’autre part, les sonates de Seixas sont des exemples typiques de l’ambiguïté stylistique de la période de transition entre les styles Baroque et Classique. En effet, certaines rappellent la toccata baroque, dans laquelle on retrouve l’intensité et la virtuosité. D’autres sont représentatives de l’Empfindsamkeit, un mouvement allemand pré-classique signifiant « sensibilité », qui met l’accent sur l’expression des émotions dans l’œuvre musicale.
Ecrit par Livia-Flore à 18:02 dans Biographies , formes
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