Ajaccio Baroque

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Musiques en regards

L'ensemble Salamandre en concert à Ajaccio (avril 2010)

     Ce dimanche 18 avril 2010, l'ensemble Salamandre s'est produit en concert à l'église anglicane d'Ajaccio ; un programme apparemment écclectique, mêlant musique baroque et contemporaine, à la recherche d'échos entre des époques et des styles que tout semble séparer : "Musiques en regards".

     Après l'incontournable Follia, dans les Variations moins connues de l'Allemand Johann Cristian Schickhardt (1682-1762), le public a été plongé dans les climats envoûtants de "5 incantations", où différents modes de jeu sont convoqués par le compositeur "pour dompter le vent", "pour accueillir les nuages", "pour célébrer l'eau", "pour accompagner la nuit tombante sur le désert", "pour Marie" que célèbrent les voix murmurées et flûtées : tous les jeux du clavecin (claviers accouplés, jeu de 4', jeu de luth) et certains de la claveciniste (percussions sur la caisse et voix), sans oublier les flûtes à bec utilisées en flûtes obliques, en traversière et flûte vocale.
     À ces courtes pièces pleines de spiritualité ont succédé deux "Pièces de 1728" de Jean-Philippe Rameau, dont une majestueuse "Allemande" (danse modérée à 4 temps) et "Les Trois Mains" (tout en prouesses techniques pour qui n'en a que deux !), suivies de la "Milonga-valse", l'accouplement de deux danses du répertoire sud-américain (avec un mouvement lent pour la milonga, et rapide pour la valse).

 
    
     Avant d'entendre les plus classiques "Pièces en trio" (un Prélude et une Passacaille) de Marin Marais, le public a été estomaqué par la performance des flûtistes dans une pièce qui ne manquait pas de souffle : "Kinkaku Ji II", sur laquelle s'exprime ainsi le compositeur (cf le programme) :

    "Cette pièce, écrite pour deux flûtes à bec basse, est un voyage dans le monde des flûtes ou des "aérophones". Comme dans un jardin japonais, chaque détour fait découvrir un paysage sonore inattendu.
     Les quatre sections évocatrices font référence à des instruments ethniques et des techniques particulières : le ney (flûte oblique), le didgeridoo (instrument emblématique des aborigènes), le shakuhachi (flûte à encoche des samouraïs), la "flûte vocale" (flûte indienne) et la "respiration continue" (rêve d'Icare des instrumentistes souffleurs pour faire durer le son au-delà des limites communes).
     Au-delà de toutes ces techniques qui transcendent la flûte à bec et son utilisation, le lien profond est bien le souffle créateur et universel."  


     
     Ne restait plus que le "Tanground" d'Yves Grollemund pour retrouver l'inspiration sud-américaine du tango (postérieur à la milonga) ; le compositeur associe un prélude quasi improvisé (demandant aux interprètes d'utiliser la flûte vocale, le son du ney et les sons soufflés) à un ground, c'est-à-dire une basse obstinée de trois mesures répétées à intervalle régulier (comme dans la musique anglaise du XVIIe siècle).

     L'ensemble Salamandre a pour vocation de présenter des œuvres peu connues : œuvres du XVIIIe siècle redécouvertes après de minutieuses recherches, et œuvres contemporaines faisant appel à des instruments dits "anciens", en quête de nouvelles techniques de jeu.

Ecrit par Florence le Dimanche 18 Avril 2010, 15:53 dans "Mes préférences musicales" Version imprimable

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